Le Haut Barrage d'Assouan
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Le haut barrage d'Assouan (ou Sadd el-Ali)

Le Nouveau Barrage est de dimension colossale : long de 3600 m, son épaisseur atteint 40 m et sa hauteur 111 m. La construction du barrage lui-même, commencée en 1960, s'acheva en 1968. La dernière des 12 turbines construites par les Soviétiques fut installée en 1970. L'immense retenue d'eau formée par le barrage a été baptisée lac Nasser en l'honneur du président égyptien Gamal Abdel Nasser. Ce lac artificiel couvre une surface d'environ 480-500 km de long, pénétrant de 150 km dans le territoire du Soudan, et de 16 km de large.

La pyramide de Chéops représente 1/7' de la masse de cet édifice étonnant. En plein fonctionnement le barrage a un débit de 80 milliards de mètres cubes d'eau par an, permettant d'augmenter sensiblement la superficie cultivable du pays. Douze turbines développent une force de 10 milliards de kWh, base d'un vaste plan d'industrialisation du pays. La ville et la région d'Assouan deviennent peu à peu un grand centre industriel.

Au début du XXe siècle, les anglais (occupant l'Egypte de 1882 à 1936, et la zone du canal de Suez jusqu'en 1955) avaient déjà construit un barrage à Assouan aux environs de 1900. Mais cet édifice, malgré plusieurs agrandissements, se révélait trop petit.



ASSIOUT ou ASYUT

Capitale de la Haute-Égypte, Assiout (en arabe Usyut) comptait, en 1986, 273 190 habitants. Connue sous le nom de Siâout à l’époque pharaonique et appelée Lycopolis («la Ville du loup», en l’honneur du chacal Oupouat, sa divinité principale) par les Grecs, Assiout ne joua pas de rôle primordial dans l’Antiquité; elle fut la patrie de Plotin. Sa renommée fut grande au Moyen Âge comme centre caravanier, point d’arrivée des caravanes du Dar Fur et marché d’esclaves. Un grand barrage y fut construit sur le Nil de 1892 à 1902 ; surélevé en 1938, il permet, en relevant le plan d’eau du Nil de 3,5 mètres, l’irrigation pérenne de 400 000 hectares sur la rive droite, à partir du canal Ibrahim. Assiout abrite un grand bazar pittoresque et dynamique, avec de multiples industries artisanales (teintureries, cotonnades, poteries, objets de pacotille); on y trouve aussi de vastes entrepôts de coton. Assiout est un centre religieux (évêché copte) et intellectuel important (université, écoles, instituts). À proximité s’étend une importante nécropole pharaonique.



Le Nil et sa vallée

Le Nil, ce fleuve miraculeux divinisé par les anciens Égyptiens et dont le mystère des sources ne fut percé qu’au XIXe siècle, coule sur plus de 3 000 km à travers le désert; eaux du Nil Blanc qui vient du pays des lacs et reçoit des pluies équatoriales abondantes toute l’année, eaux du Nil Bleu descendant des montagnes d’Éthiopie et gorgé des pluies de la saison humide qui va de la fin de mai au début de septembre. Le mécanisme de cette crue intriguait fort les Anciens. Le changement de débit est très régulier et la montée des eaux était repérée au Caire entre le 8 et le 10 juin. D’abord coulaient les eaux vertes du Nil Blanc, puis les eaux brunes du Nil Bleu chargées des poussières volcaniques des montagnes d’Abyssinie et constituant environ les quatre cinquièmes des eaux de la crue. Celle-ci culminait au début de septembre et durait jusqu’en octobre.

Traditionnellement, ce sont ces hautes eaux qu’on utilisait pour l’irrigation: elles envahissaient toutes les terres basses, s’infiltrant dans les larges crevasses qui fendaient les alluvions noires et desséchées, déposant le limon fertile et n’épargnant que les villages construits sur des digues ou de légères élévations. En octobre, les eaux se retiraient et les semailles commençaient aussitôt, préparant les moissons d’avril ou de mai. Mais, depuis le XIXe siècle, ce phénomène naturel a été profondément transformé par l’homme. Tout d’abord, sur l’initiative des Anglais, des digues ont été construites; des canaux d’irrigation nombreux et profonds, les rayas, ont été creusés; des barrages de retenue élevés sur tout le parcours du fleuve, à Esna, Nag Hammadi, Assiout , Zista et en aval du Caire. Mais le plus grand ouvrage, commencé en 1957, a été achevé en 1971; construit à 7 km en amont d’Assouan où il remplace un ancien barrage, il peut emmagasiner dans le lac Nasser, qui s’est formé en amont, des réserves d’eau d’une année à l’autre, permettant ainsi d’atténuer les conséquences des périodes de sécheresse qui se sont multipliées au cours de ces dernières années. Les travaux ont été titanesques; ils ont duré dix ans et les Russes y ont largement participé, aussi bien par leurs techniciens que par leur appui financier. Ce barrage permet non seulement de continuer à irriguer les 3 500 000 ha fertilisés jusqu’ici par la crue naturelle, mais d’accroître en outre les surfaces de terre arable de 30 à 40 p. 100 pour l’ensemble de l’Égypte. Un accord a été signé entre cette dernière et le Soudan, au terme duquel celui-ci pourra disposer d’un tiers des eaux du barrage. Les 70 000 Soudanais qui vivaient dans la vallée recouverte par la montée des eaux en amont de Ouadi Halfa ont été transférés, tandis que certains sites archéologiques étaient rapidement fouillés ou entièrement déplacés, comme les célèbres temples d’Abu Simbel. Une puissante centrale électrique bénéficie également des eaux du barrage. La ville d’Assouan a subi une transformation spectaculaire: de 30 000 habitants en 1952, elle est passée à 195 000 en 1989. Une importante usine d’engrais y a été implantée. Le lac Nasser a également été aménagé: cultures et pâturages ont été étendus.

Ce changement dans les techniques d’irrigation augmente les surfaces utilisables et rend les récoltes plus assurées, mais il prive les terres de leur fertilisation naturelle par les dépôts de limon et oblige à pratiquer, surtout dans les terres salées du bas Delta, un système de drainage parallèlement à l’irrigation pour éviter l’apparition d’efflorescences salines nuisibles aux cultures.
 
 

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