Deir el-Bahari. Le temple funéraire de la reine
Hatchepsout est unique en Egypte car il est en partie creusé dans le roc et
s'élève sur trois terrasses reliées par des rampes centrales. Il fut dédié au
dieu Amon ; Hathor et Anubis y furent aussi honorés.
Autrefois une avenue de sphinx conduisait à la 1re
terrasse. Les terrasses se terminent par des vestibules. Dans la 2e terrasse, à
gauche, la salle de Pount représente en bas-relief un voyage au pays de Pount
sur la Mer Rouge où l'on se procurait l'encens ; celle de droite, la salle de la
naissance, contient des représentations d'Hatchepsout engendrée par Amon. Sur
les côtés, chapelles d'Anubis et d'Hathor.
A gauche de ce temple, un autre temple, celui de
Mentouhotep (Xle Dynastie), surmonté d'une pyramide, est aussi à terrasses, il
semble avoir servi de modèle à Senenmout architecte et ministre d'Hatchepsout.
On vient de découvrir un troisième temple monumental, celui de Thoutmosis III.
Ce monument marque l'épilogue des intrigues qui semblent avoir rempli la vie de
la reine : Thoutmosis I favorisait sa fille Hatchepsout qui était belle et avait
un caractère fort ; suivant une tradition pharaonique, elle épousa son frère
(Thoutmosis II). A la mort de ce dernier, elle prit le pouvoir. Quand son neveu
et beau-fils (Thoutmosis III) lui succéda, il fit gratter le nom d'Hatchepsout
du temple qu'elle avait construit, essayant d'effacer toutes traces de sa
marâtre ; il fit bâtir aussi le 3e temple funéraire de Deir el-Bahari situé de
façon à dominer les deux autres temples.
Hatchepsout (v. 1520-1483 av. J.-C.),
reine égyptienne de la XVIIIe dynastie (1503-1483 av. J.-C.).
Fille de Thoutmosis Ier, Hatchepsout épouse son demi-frère, Thoutmosis II, avec
qui elle dirige l'Égypte jusqu'à la mort de ce dernier en 1504 av. J.-C. Le fils
d’une concubine, un enfant marié par Thoutmosis II à la fille d'Hatchepsout,
monte alors sur le trône d’Égypte sous le nom de Thoutmosis III. En 1503,
toutefois, la reine se couronne elle-même et règne en maître jusqu'en 1483.
Après la mort de la reine, son cosouverain en titre mais simple consort de fait,
Thoutmosis III, règne seul.
Hatchepsout a fait construire un grand temple à Deir el-Bahari près de Thèbes,
auquel on accède par une allée de sphinx et d'imposantes terrasses garnies de
colonnes.
DEIR EL-BAHARI
Sur la rive gauche thébaine, au pied de la Grande Cime d’Occident, l’immense
cirque rocheux de Deir el-Bahari reçut plusieurs temples funéraires royaux. Sous
la XIe dynastie (vers T 2060), Montouhotep II y édifia un vaste complexe
funéraire. L’enceinte englobe la tombe du souverain et celle des membres de sa
famille, tandis que les hypogées des fonctionnaires et dignitaires étaient
creusés, aux environs immédiats, dans la falaise. Une vaste cour intérieure
était surplombée d’une terrasse sur laquelle une forêt de colonnes et de piliers
entourait un monument de forme carrée dont la superstructure, aujourd’hui
disparue, devait être un édifice à toit plat, reproduisant le tertre primordial.
Le temple proprement dit, avec une cour, une salle hypostyle et un sanctuaire,
s’enfonce dans la montagne.
C’est immédiatement au nord que la reine Hatchepsout , sous la XVIIIe dynastie
(vers T 1478-T 1458), bâtit un magnifique temple de «millions d’années» (temple
où sont célébrés conjointement le culte royal et le culte divin) qui s’intègre
de façon parfaite au cadre naturel des hautes falaises du vaste amphithéâtre
rocheux. Par sa conception et sa réalisation, c’est un des édifices les plus
remarquables de l’architecture égyptienne. Le sanctuaire, qui est rupestre, est
précédé de trois terrasses en gradins, bordées de portiques et reliées par des
rampes. Les portiques sont décorés de reliefs; la série la plus célèbre, celle
de la deuxième terrasse, relate un des événements majeurs du règne d’Hatchepsout,
l’expédition maritime au pays de Pount, quelque part, sans doute, vers
l’actuelle côte des Somalis; le village sur pilotis au bord de la lagune, le
cortège de l’adipeuse reine locale, le débarquement des bateaux égyptiens,
l’échange des objets de la vallée du Nil contre les produits exotiques locaux
sont autant de scènes d’un pittoresque coloré.
Le temple d’Hatchepsout fait actuellement l’objet de travaux de restauration
menée par le Centre polonais d’archéologie méditerranéenne du Caire. Ceux-ci ont
permis de mettre au jour les vestiges très ruinés du temple de Thoutmosis III,
rival de la reine . Dans le secteur de Deir el-Bahari se trouve la tombe de
Senenmout , architecte et conseiller d’Hatchepsout, ainsi que le grand puits
découvert en 1881, qui servit de cachette aux momies royales; les sépultures des
souverains ayant été violées durant la fin de la XXe dynastie, leurs dépouilles
et ce qui subsistait de matériel funéraire furent regroupés et cachés dans cet
hypogée au cours de la XXIe dynastie (T 1000 env.).